
Maurice parmi les rares marchés à disposer d’un cadre pour les crypto-monnaies
Le paysage des entreprises évolue avec l’avènement de la technologie. Il en va de même pour les services bancaires et financiers. La transformation numérique est en train de prendre le dessus. Le Chief Operating Officer de Bank One, Saleem Ul Haq, explique à News on Sunday que la transformation numérique permet aux banques de devenir plus efficaces. Il affirme également que l’île Maurice est bien positionnée pour attirer les FinTech.
Quel est votre point de vue sur l’évolution du paysage des services bancaires et financiers ?
Le comportement et les attentes des clients à l’égard de leur banque sont en train de changer. Cela est dû à l’expérience qu’ils ont des réseaux sociaux et des applications, auxquels ils peuvent accéder directement depuis leur smartphone. Les géants de la technologie comme Amazon, Apple et Google créent de nouvelles normes en matière d’expérience client. Par conséquent, les clients s’attendent à ce que leur fournisseur de services financiers leur offre le même niveau d’engagement que s’il s’agissait d’une application. Les FinTechs et les nouvelles banques numériques créent également de nouveaux produits et services pour les clients les plus exigeants, en se concentrant sur la simplicité, la pertinence et la fluidité de l’expérience sur les canaux numériques.
Les banques sont-elles suffisamment préparées à l’avenir numérique ?
Les banques ont beaucoup de retard à rattraper pour rester pertinentes sur ce nouveau terrain de jeu où la technologie devient le principal moteur. L’un des obstacles auxquels de nombreuses banques sont confrontées concerne leurs systèmes existants, qui nécessitent une maintenance importante et ne sont pas assez flexibles pour permettre le déploiement rapide de nouveaux produits et services. De nombreuses banques sont déjà en train de migrer leur technologie vers le « cloud » et de remplacer leurs anciens systèmes par des plateformes « as-a-service » qui peuvent leur fournir les capacités et l’évolutivité nécessaires.
Les banques s’efforcent également d’offrir plus de choix à leurs clients, sur différents canaux, par exemple la banque en ligne, l’application mobile et les médias sociaux. Ce sont là quelques-uns des domaines clés dans lesquels Bank One, en particulier, progresse. D’une certaine manière, les banques doivent être présentes là où se trouvent leurs clients. Sur de nombreux marchés, y compris à Maurice, les succursales continuent de servir de nombreux clients traditionnels. L’avenir numérique de la banque implique également d’attirer les bons talents, les ressources hautement qualifiées en matière de technologie et de données étant très demandées et préférant travailler pour des acteurs technologiques et des startups, ce qui peut parfois représenter un défi.
De nombreuses banques sont déjà en train de migrer leur technologie vers le nuage et de remplacer leur système existant par des plateformes ‘as-a-service’ qui peuvent leur fournir les capacités et l’évolutivité nécessaires ».
Comment voyez-vous l’effet de la transformation numérique sur le secteur bancaire ?
La transformation numérique permet aux banques d’améliorer l’efficacité de leurs opérations en numérisant leurs processus, en s’éloignant des processus manuels et du papier, et en offrant davantage de canaux numériques à leurs clients. Cela ne peut être que bénéfique pour les clients qui bénéficieront d’un plus grand choix, d’un service plus rapide et d’une meilleure expérience de la part de leur banque.
Quelles sont les technologies émergentes qui, selon vous, changeront la donne et auront le plus d’impact sur le secteur bancaire ?
Parmi les technologies susceptibles d’avoir un impact significatif sur le secteur bancaire, on peut citer la technologie Blockchain qui peut faciliter des cas d’utilisation spécifiques pour le secteur bancaire. L’accès aux services bancaires évolue également vers des solutions technologiques telles que la messagerie instantanée, les wearables et les assistants numériques. L’intelligence artificielle est déjà utilisée pour fournir des services bancaires interactifs et personnalisés aux clients. Les services bancaires ouverts/interfaces de programmation d’applications (API) permettront aux clients de partager leurs données avec d’autres prestataires de services pour obtenir une plus grande valeur ajoutée.
Où voyez-vous la plus grande opportunité ?
L’API bancaire ouverte offrira aux banques et aux FinTechs la possibilité de collaborer pour proposer des services à plus forte valeur ajoutée aux clients. Ces derniers pourront partager leurs données bancaires et bénéficier de services fournis par les différents acteurs de l’écosystème. La banque en tant qu’activité ne restera pas l’apanage des banques traditionnelles, mais sera plutôt accessible aux clients sous la forme de services fournis par les acteurs de l’écosystème. La collaboration sera essentielle pour le bénéfice des clients.
Sinon, la dernière innovation est la technologie Blockchain et les crypto-monnaies. Quel est votre point de vue à ce sujet ?
La blockchain est déjà mise en œuvre pour faciliter le financement du commerce entre différents pays, ainsi que les solutions de paiement qui sont construites sur la base de la technologie. Cela est bénéfique pour tous les acteurs de l’écosystème et, en fin de compte, pour le client. En ce qui concerne les crypto-monnaies, nombre d’entre elles vont apparaître et disparaître en raison de réglementations strictes et d’un manque de soutien de la part de l’écosystème. Les banques devront se méfier de Libra, annoncée par Facebook, qui a le potentiel de changer le paysage des paiements dans le monde entier, si les réglementations le permettent. Facebook compte environ 2,5 milliards de clients, ce qui donne une idée de l’ampleur du phénomène.
Les banques devront se méfier de Libra, annoncée par Facebook, qui a le potentiel de changer le paysage des paiements dans le monde entier, si les réglementations le permettent ».
Où se situe l’île Maurice par rapport à cette technologie ?
Maurice est bien placée pour attirer les Fintechs qui veulent tester et lancer leurs activités localement et s’installer sur le continent africain. L’octroi de licences de bac à sable réglementaire (RSL) permet d’accélérer la validation des concepts et le déploiement de nouveaux services, et offre un apprentissage au régulateur pour comprendre l’application des nouvelles technologies, ce qui lui permet d’adapter sa stratégie en cours de route et d’élaborer les réglementations appropriées. Maurice est l’un des rares marchés à disposer d’un cadre pour les crypto-monnaies et la blockchain, et c’est un très bon début. D’autres projets devraient voir le jour à l’avenir, éventuellement avec la collaboration des banques.
Comment voyez-vous l’intégration de la blockchain affecter le système bancaire ?
Les banques tireront également parti de la technologie Blockchain grâce à des partenariats avec des Fintechs. Il y aura également plus de collaboration pour résoudre les cas d’utilisation. Cela sera bénéfique pour toutes les parties de l’écosystème.
De même, quel est l’avenir du secteur bancaire avec l’IA et la robotique ?
L’IA permettra de personnaliser les services bancaires afin d’offrir une expérience plus pertinente et de meilleure qualité aux clients, tout en améliorant l’efficacité opérationnelle des banques. La robotique réduira les coûts d’exploitation, augmentera l’efficacité et garantira la conformité réglementaire de manière transparente tout en offrant une meilleure expérience au client. La robotique permettra également de libérer les employés du secteur bancaire pour qu’ils se consacrent à des tâches innovantes et à plus forte valeur ajoutée.